mercredi 3 août 2011

Intrus

Rien à faire. Je ne dors pas. J'engloutirais volontiers un pack de gravols, mais je doute que mon absence de mal de coeur ne le justifie.

Je viens tout juste d'aller m'étendre à côté d'Intrus, que j'ai délicatement enjoint de se déplacer dans le lit pour éliminer sa présence de mon champ de vision et par le fait même mettre un terme à l'incessante et horrible constatation : il y a quelqu'un sur mon divan.

Je déteste les gars à moitié endormis qui marmonnent. Malgré ça, pendant quelques instants j'ai eu une très franche envie d'enlever le reste de mes vêtements et de me blottir dans ses bras.

Mais comme le dit le diction : il n'est rien de pire que d'être seul à deux, donc je vais aller ne pas m'endormir toute seule ailleurs.

(pour référence, je n'ai pas répondu à son chum de gars qui m'offrait un plan cul visiblement très prometteur, finalement)

Demain, je vais encore lui dire que je ne veux plus le voir sauf si ça adonne. Et ça peut adonner souvent puisque la majorité de nos amis sont des amis communs. Je lui sert la réplique à chaque 2 semaines depuis un peu plus de 8 mois. Étonnant qu'il soit encore dans mon lit à attendre que je me décide à "sortir avec", voir me marier avec dans moins de temps qu'il n'en faut pour organiser un mariage, et sûrement pour finir par me péter une coche pour fonder une famille.


Pour essayer de faire court, Intrus est un des meilleurs amis du père de ma fille. L'an dernier, le père de ma fille est venu habiter ici (oh âme charitable que je suis, il était dans la merde et ça m'arrangait bien, à ce moment-là, de partager une couple de mois de vie commune avec)

Le père de ma fille n'a rien d'un père, pas grand chose même d'un homme, pas grand chose dans la cervelle souvent, mais c'est un véritable antidépresseur vivant. La vie avec lui, c'est du théâtre, de l'impro, et un festival juste pour rire permanent. Dans la mesure où on attends rien de plus de sa part.

[définition de rien de plus: incapable de sortir les vidanges, de réparer quoi que ce soit, de payer ses comptes, de contenir sa frustration quand il boit, de garder une blonde, ou une job, de faire des affaires plates ou juste nécessaires, de payer une pension alimentaire, de s'impliquer dans l'éducation de sa fille, de rembourser l'argent qu'on lui prête, et/ou toute autre chose connexe.]

Après 14 ans, ça fais longtemps que je n'attends plus rien. Mieux encore, au lieu de ruminer ma frustration, je prend ce que la vie a à offrir : des bons moments, beaucoup de rires et de plaisir, un ami avec pas de condition, nos amis communs et surtout, une image positive de l'amour pour ma fille, elle est né d'un amour inconditionnel qui pourrait difficilement être plus vrai. Suffit simplement de ravaler ma frustration pour tout le reste :)  J'ai pas de temps à perdre à être frustrée ni d'énergie à dépenser pour en vouloir à quelqu'un et me sentir victime de la vie!

Donc Intrus est arrivé dans ma vie par un hasard certain et par la force des choses. À une époque où la vie était un perpétuel party au moins 4 jours sur 7. À un moment où il y avait des tonnes de projets de groupe trippants dans l'air.

La première fois qu'il a passé la porte pour se joindre à notre party arrosée, j'ai sorti mon fuckflair de fille et fait une analyse sommaire, ouain, y'é pas pire, mais bon.

Les éternels  partys arrosés se finissaient toujours à cette époque en séances de déguisement, d'impro, de lipsync, de danse, et alouette. Proximité physique oblige, j'ai rapidement constaté que la chaleur qui se dégagait de ses mains quand il les posait sur moi ne me laissaient pas de marbre.

Mais il est plus jeune que moi. À tout sauf un cursus académique ou professionnel qui pourrait, même au pays des merveilles se rapprocher un tant soit peu du mien. Dans le contexte de l'époque, tout n'était que niaisage et déconnage au point où t'as envie d'y calisser le micro-onde en pleine gueule en disant ça va faire les jokes plates, as-tu fini de radoter?

Il faut comprendre que les brosses étaient continuelles à cette époque, donc pendant des mois on se réveillait et on passait le lendemain de veille assis à la table, lui, moi, le père de ma fille et les enfants (parce qu'en plus de l'héberger lui, on avait son autre fils une semaine sur deux !!!!!) en essayant de se remettre à grand coup de café bailey's pour être en forme le soir.

Mais à côtoyer quelqu'un si souvent, surtout lorsque beaucoup d'alcool, on fini par se rendre à l'évidence qu'une attirance difficilement explicable et qu'une tension sexuelle existe entre deux personnes.

L'inévitable finit évidemment par se produire. Pas le meilleur soir d'ailleurs. Après le diable seul sais combien de litre d'alcool et avoir joué à la pyramide avec du vin (À PROSCRIRE SI VOUS TENEZ À LA VIE!!) la substance délia les langues, et le linge aussi. Pour un aperçu de baise assez raté dans l'ensemble mais qui au lieu de laisser sur un turn-off, s'est avéré une semi-révélation.

La weirditude de la situation à fait que ça ne se s'est reproduit qu'une fois dans les mois qui ont suivi. Avec le même pattern. Incomplet. 

Des mois plus tard il a fini par être capable d'admettre ouvertement qu'il ressentait quelque chose pour moi. Et v'lan. On y était. Officiellement. Soir de brosse. Baise torride. Mais celle du lendemain matin a été des plus révélatrice.

Pas torride, pas complexe, pas fantasmagorique, mais d'une douceur et d'une intensité à vous scier les jambes en deux et à vous enlever la capacité de verbaliser quoi que ce soit. Une baise qui aurait eu une note technique de quoi, 3 sur 10, mais qui valait vraiment beaucoup plus que ça. On venait d'ouvrir une boîte de pandore.

Et ça s'est avéré être la très grande majorité du temps, pas mal tout le temps, une baise absolument incroyable.

Venant d'un gars qui ne pourrait compter sur ses baises sur les doigts des mains d'une foule dans un Future Shop un 26 décembre et qui n'avait jusque-là parlé du sexe en employant le seul et unique terme "fourrer", c'était un peu surprenant.

Encore plus sidérant de l'entendre me dire peu de temps après qu'avec moi, il ne fourre pas : Il fait l'amour. J'ai eu l'impression de manquer quelques épisodes :)

Encore plus inimaginable de l'entendre me dire, un matin cette semaine, je ne sais pas pourquoi, mais je passerais mon temps à faire l'amour avec toi. Alors que pourtant, il n'y a encore à ce jour pas eu de situation de baise inusitées ou particulières.

On est presque redus un an plus tard. Et effectivement, ni lui, ni moi, on ne se tanne de faire l'amour. Des shots ordinaires, il n'y en a pas. C'est au mieux encore à couper le souffle, au pire, largement agréable.

J'aime vraiment beaucoup trop l'embrasser. Je n'ai pas mémoire d'avoir aimé autant embrasser quelqu'un sauf mon premier chum à 12 ans avec qui j'avais gagné un concours de french pour avoir toffé 19 minutes. J'aime la sensation de sa bouche sur mon corps, de la mienne sur le sien. Je fonds à la simple sensation de ses mains sur moi. On croyait tous les deux que ça passerait, mais c'est loin d'être le cas.

Reality bite: C'est tout le reste que je ne veux pas. Je crois que l'intensité physique qu'on ressens tous les deux est forcément animée aussi par le fait qu'on s'aime, du moins, maintenant. Sauf que tout ce qui vient avec l'amour, je n'en veux pas. Vraiment pas.

Je ne veux voir personne sur MON divan, à moins d'y être avec cette personne et qu'elle soit expressément invitée à cette effet.

J'ai l'impression d'être en crise d'adolescence de l'amour et des relations de couple. Mais je sens le sommeil me gagner, je vais retourner l'embrasser, juste un peu :)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire